Jeudi 18 janvier 2024 Les Banatais en Provence et le château de Tarascon.

Organisateurs : François Maincent et Yves Birot

Étaient présents :

Bicilli, Bigonnet, Birot, Blachère (matin), Bonnefoy, Chevrant-Breton, David, Delgrange (déjeuner et après-midi), Favre de Thierrens, Hamon, Lamotte (matin), Maincent, Pairet, Pic (matin), Rogier (matin), Saliège (déjeuner et ap.midi), Taylor, Vaïsse, Zuber(matin)

 

 

Matin: chez Christian Favre de Thierrens (merci à notre hôte)

Flux et reflux des migrations en Europe : l'exemple des Banatais en Provence : histoire de la renaissance du village de la Roque sur Pernes (Vaucluse)

 

Projection du film documentaire "D'ici et d'ailleurs" (53 min) de Bernard Dumas et échanges/débat avec Benjamin Landais.

 

Benjamin Landais est Maître de Conférence à l'Université d'Avignon dont le principal terrain de recherche est l’Europe centrale et balkanique du XVIIe au XIXe siècle, qu'i1 a étudiée selon différents prismes : manifestations de l’ethnicité avant la naissance du nationalisme, contrôles des mobilités et colonisations paysannes, pratiques politiques et infrapolitiques au village, usages sociaux de la cartographie rurale. Ces thèmes ont en commun de participer à la construction d’une histoire par le bas de cette société d’Ancien Régime, située aux marges de l’Europe des Lumières. Il a collaboré à la traduction et à la publication aux Éditions Universitaires d’Avignon d’un ouvrage roumain sur le parcours des « Banatais » de La-Roque-sur-Pernes.

 

Introduction

(extrait du dossier pédagogique par les archives du département du Vaucluse : les Banatais de la Roque sur Pernes ; histoire d'une immigration locale) Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’Europe est en pleine recomposition géopolitique et démographique : les frontières bougent et des hommes, des femmes, des enfants quittent leur pays, moins souvent de gré que de force. Parmi eux, des dizaines de milliers de Banatais, originaires du Banat - une région frontalière à cheval entre la Hongrie, la Roumanie et la Serbie - fuient face à l’avancée de l’Armée rouge. Par sa position particulière, le Banat est fortement touché par les soubresauts géopolitiques du premier XXe siècle, de l’écroulement de l’Autriche-Hongrie qui l’administre depuis 1716, jusqu’à sa conquête par l’Allemagne nazie durant la Seconde guerre mondiale. Parmi les Banatais, on retrouve de nombreux descendants de Lorrains et d’Alsaciens déplacés par la couronne autrichienne dans le courant du XVIIIe siècle pour mettre en valeur le Banat. C’est environ 10 000 de ces « Français du Banat » – suivant une expression courante de l’époque mais peut-être abusive – qui trouvent refuge en France après-guerre. Parmi eux, certains s’installent dans un petit village des Monts-de-Vaucluse pour le repeupler et le reconstruire : la Roque-sur- Pernes. En 2017, la Roque-sur-Pernes est toujours marquée par cette histoire : une « rue du Banat » en perpétue le souvenir, un musée y est consacré et c’est même une partie du conseil municipal qui est, à des degrés divers, d’origine banataise. Ainsi, la mémoire de cette migration s’inscrit dans le temps présent. C’est le repeuplement de la Roque-sur- Pernes par les Banatais que le service éducatif des archives de département du Vauvluse souhaite ici mettre en lumière. Les nombreuses thématiques à l’œuvre – reconstruction d’après-guerre, exode rural, histoire et géographie locales – en font un objet complexe qui nourrira nombre de séances d’histoire. Ce sont également des questions beaucoup plus larges qui touchent à la mise en œuvre de la solidarité, aux rapports entre histoire et mémoire, ou encore aux questions d’identité, si simplement exposées dans les médias et si complexes en réalité, qui permettront, nous l’espérons, à ce dossier de nourrir des réflexions sur la place des immigrés dans la construction d’une nation. https://archives.vaucluse.fr/fileadmin/Minisites/Archives/00_AD_PDF_DOCX_XLS_PPT/C_nos_offres/service_educ/Dossier_pedagogique_sur_les_Banatais_version_ASM_v3.pdf

 

LE CHATEAU DE TARASCON / UNE FORTERESSE DE PROVENCE entre gothique et Renaissance

Édifié dans la première moitié du XVe siècle, le château de Tarascon est l’une des plus belles forteresses de France. Il est l’exemple parfait d’un édifice qui, par son architecture et ses décors, allie les styles gothique et Renaissance. Bâti sur un rocher peu élevé, à l’intersection des voies terrestres et fluviales reliant la Provence au Languedoc, le château assume le rôle de sentinelle monumentale. Il contrôle, jusqu’en 1481, la frontière politique du Rhône qui coule à ses pieds. Trait d’union entre les villes d’Avignon et d’Arles, Tarascon est, tout au long du Moyen Âge, la base territoriale d’expansion et de conquête des comtes de Barcelone puis des ducs d’Anjou, devenus comtes de Provence. Afin d’asseoir son pouvoir dans la région, Louis II, duc d’Anjou (1384-1417) et Yolande d’Aragon (1400-1417) lancent à l’automne 1400 le chantier de construction du bâtiment côté Rhône, finalement achevé en 1411. Leur fils Louis III (1417-1434) fait bâtir l’aile côté ville entre 1429 et 1434. Le maître des œuvres du roi, Jean Robert, en est l’architecte. René Ier (1434-1480), héritier du comté de Provence, prend possession du château dans son état actuel. Il porte les titres prestigieux de roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, duc d’Anjou, de Bar et de Lorraine, comte de Provence et de Forcalquier. René Ier n’effectue, dans cette demeure, que des aménagements décoratifs et de confort. À chacun de ses nombreux séjours, il en fait un lieu de rencontre, de fête et de prestige.

 

UN LIEU D’INCARCÉRATION pour détenus civils et militaires Siège du pouvoir régalien du comte, le château sert, dès le début, de lieu de détention. En 1480, un prisonnier catalan, partisan du roi d’Aragon, ennemi du roi René Ier, y est enfermé. Il grave, dans deux cachots, des graffiti exceptionnels de bateaux de guerre, de commerce, des motifs religieux et profanes. La fonction carcérale du château est accentuée entre 1642 et 1926. Tour à tour, le site est utilisé comme prison, maison d’arrêt et de correction. Les salles sont alors transformées en cachots collectifs ou individuels. Sous la Révolution française, les partisans de Robespierre y sont exécutés en 1795. De cette histoire, subsistent des centaines de graffiti gravés par des soldats espagnols, des marins britanniques et hollandais, témoins des guerres euro- méditerranéennes des XVIIe et XVIIIe siècles. UN MONUMENT D’EXCEPTION au cœur du Pays d’Arles Le château de Tarascon, du haut de ses 45 mètres, a longtemps dominé le paysage au nord d’Arles. Il est aujourd’hui détrôné par la tour de la Fondation LUMA-Arles, haute de 56 mètres, oeuvre de l’architecte Frank Gehry. Il marque ainsi par sa monumentalité le paysage de ce territoire entre Alpilles et Rhône. Sa terrasse offre une vue imprenable sur le fleuve, la plaine, les Alpilles et la Montagnette. L’état de conservation remarquable du château est dû notamment aux travaux de restauration et d’entretien, qui sont conduits par plusieurs architectes des monuments historiques de l’État. Ouvert à la visite à partir de 1933, le château est, depuis 2008, la propriété de la commune de Tarascon. Source : http://chateau.tarascon.fr/le-ch%C3%A2teau.html

Photos Vincent David, Christian de Thierrens

Photos Michel Bonnefoy